Après des péripéties dues aux vols différents et surtout aux intempéries incroyables ayant bloqué toute la Chine et donc retardé Fabrice qui arrivait de Shanghai, nous nous retrouvons enfin tous les trois à Chiang Rai, au nord de la Thailande. 4 jours aux confins des montagnes et des frontières du Laos et de la Birmanie, en commençant par le fameux "Triangle d'Or", surtout connu pour la tradition de son trafic d'opium.

Pour moi, ce fut le premier contact avec le Mekong, en général plutôt abordé au Vietnam ou au Cambodge, mais j'ai décidé de visiter la région sans suivre l'ordre des conventions (Chiang Rai n'est pas le coin le plus connu de Thailande, même si le tourisme s'y développe quand même). Le Mekong, donc, marque la limite entre les trois pays frontaliers, et pour quelques bahts une petite barcasse emmène les touristes côté Laos (et quelques bahts encore, côté Birmanie). Vu imprenable sur trois contrées d'un coup, chacune encore inconnue pour moi.


Notre guide de l'espèce de centre d'éco-tourisme spécialisé dans la défense des populations des villages traditionnels nous trimballe en voiture (Toyota, presque le Lite Ace familial, avec les petits rideaux de Maman et tout, mais la clim en plus), ce qui, sans être passionnant, nous faisait une bonne introduction en visitant en une journée sans trop se fatiguer les principales curiosités de cette région (vestiges de temples, beaux dragons, musée de l'opium un peu nul, point le plus au nord de la Thailande, déjeuner dans un resto à touristes...).



Du côté Laos, nous tombons sur une espèce de foire locale, sans manèges mais avec des centaines de gens du coin rassemblés autour de diverses attractions, dont cet ourson assez inattendu pour nous!

Notre guide insiste ensuite pour nous montrer la limite extrême nord de la Thailande, assez peu d'intérêt sauf la photo sous le panneau, et l'idée de se dire qu'en traversant le pont on est en Birmanie (Myanmar, pardon).


Nous ne poussons quand même pas le vice touristique en allant de l'autre côté juste pour avoir le tampon sur le passeport, et nous dirigeons ensuite vers les villages Akkha de la région de Mae Salong, en insistant pour que la guide dévie son itinéraire prévu pour nous lâcher dans ce bled où nous voulons nous attarder un peu.
Après des négociations un peu tendues, nous obtenons du guide (il n'y avait que nous dans la voiture) que l'on s'arrête, au risque d'arriver trop tard dans le fameux village Akkha, pour prendre des photos de ces magnifiques rizières au soleil couchant, qui sont là aussi pour moi les premiers véritables paysages de rizières..., et des plantations de thé.


Le but de ce tour étant en principe de rencontrer les populations "indigènes" (compagnons du Pérou de cet été, Hugues, Guillaume et Romain, no comment please), notre guide était un peu furax qu'à cause de nos délires photographiques, nous n'arrivions qu'à 18 dans le village de désert, après la bataille! Ambiance un peu morte, ils avaient déjà rangé leurs étals pour touristes, les enfants courent partout en tenue moins que traditionnelle (jogging t-shirt), et nous n'avons droit à aucune musique d'accueil. La guide parvient quand même à nous faire entrer dans la hutte du doyen du village, qui nous présente sa femme, adorable. Intérieur cosy mais spartiate! Sa petite fille me montre la cachette de son petit poussin, et s'en va en courant. Nous avons donc totalement raté la mise en scène pour touristes qui, en principe, permet de récolter de l'argent pour le soutien de ces populations, mais nous ne sommes pas trop déçus d'avoir vu l'envers du décors, au contraire.
Nous voilà donc à Doi Mae Salong, dans une petite auberge tenue par un Chinois adorable, avec au moins deux jours devant nous pour partir librement découvrir par nos propres moyens la région. Doi Mae Salong est un mini village dans les montagnes, peuplé de familles Chinoises exilées dans les années 50, chassées de Birmanie puis installées dans le Nord de la Thailande.
Pas la peine de parler Thai, le Mandarin est de rigueur. Qui eut cru que je pratiquerai le mandarin pendant ces vacances!

Les habitants des villages alentours sont d'ethnies variées, comme ces Akkhas dont les coiffes en métal sont impressionnantes.

Marché chatoyant avec calebasses et aucun fruit qui ne nous inspire vraiment pour notre pique nique.

Pour se mettre en forme au début de notre journée de randonnée: mille marches pour monter à la pagode au lever du soleil. Rewarding view.

La pagode toute dorée au soleil levant, on se sent quand même bien en Thailande!

Nous marchons donc une bonne quinzaine de km par grand soleil, et surtout par monts et par vaux, à travers les villages traditionnels. Nous nous familiarisons avec la culture du thé,

du café,

du riz,

C'est un peu le concours à celui qui réussira à prendre les plus belles photos de personnes rencontrées, pour garder une trace de ces costumes et ces visages impressionnants, mais cela tourne un peu au zoo lorsque nous les prenons à leur insu. David a probablement gagné la palme de ce concours artistique.
.

Les enfants rentrant de l'école, eux, était clairement consentants!

Nous dînons au resto "Salama", tenu par des chinois musulmans de thailande, encore une surprise de l'histoire de ces populations.
Le lendemain, notre aubergiste nous prête des petites motos et hop, nous voilà sur les routes à sillonner la campagne. Baptême du feu pour moi qui n'ai jamais fait de moto. Grande journée de communion avec tous les fans du deux roues (Titi et Hermine, Josselin, Cécile!). La route défile à toute allure, on approche de la frontière Birmane, on s'arrête quand on veut, ou quand c'est nécessaire (roue crevée de David...) Difficile de prendre des photos mais les souvenirs restent.

Paysages chatoyants de cultures dites de "substitution", depuis que le gouvernement Thai, se bat officiellement pour inciter les paysans - notamment la Reine à coup de grands projets médiatiques - à abandonner la culture de l'opium. Nous avons bien cherché, en quittant parfois les routes goudronnées, mais nous n'avons pas trouvé d'opium. En revanche, on a pu visiter l'ancien QG du fameux Kun Shan, chef de guérilla et surtout magna de l'opium dans la région. Cet espèce de musée improbable expose simplement des photos de cette époque. Surréaliste.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur ces quelques jours d'escapade, mais le but n'est pas de vous raconter dans les détails tout notre voyage. Je voulais juste partager avec vous un peu de la contemplation des splendides paysages, de la rencontre avec les autochtones, des émotions en moto ou en camion sur les routes sinueuses, bref, de ce grand bol d'air frais qui nous a bien déconnectés du boulot, avant d'attaquer la dure partie du voyage: les 4 jours de plage dans le Sud!